Les imprimantes sont des outils essentiels à la vie de bureau. Alors qu’elles deviennent de plus en plus sophistiquées, elles ne semblent pas avoir réglé leur principal défaut : des pannes récurrentes et soudaines. Des messages d’erreur s’affichent et la seule manière de pouvoir imprimer ce document que vous devez absolument obtenir est de faire appel à un réparateur agréé. Pourtant, elle marchait très bien la veille.
La pièce concernée a -t-elle subitement décidé de se mettre en grève ? Pas vraiment selon Fight To Repair, qui a passé au crible plusieurs imprimantes de la marque Epson. C’est après la publication d’un tweet de Mark Tavern, un conférencier de l’université de New Haven dans le Connecticut, que le forum dédié à la réparation s’est penché sur le sujet. L’homme explique que l’imprimant de son épouse s’est briquée en affichant un message : “L’appareil a atteint la fin de sa vie de service.” La seule option pour lui est de payer un réparateur ou d’acheter une nouvelle imprimante.
Selon Fight To Repair, ces messages d’erreur sont programmés par l’entreprise pour prévenir de dommages supplémentaires dû à l’arrivée en fin de vie de certaines pièces. Epson explique ainsi sur son site :
“Comme tant d’autres produits, tous les produits à jet d’encre grand public d’Epson ont une durée de vie limitée en raison de l’usure des composants lors d’une utilisation normale. À un moment donné, le produit atteindra un état où la qualité d’impression satisfaisante ne pourra pas être maintenue ou les composants auront atteint la fin de leur durée de vie utile. (…) Les imprimantes sont conçues pour cesser de fonctionner au point où une utilisation ultérieure sans remplacer les tampons encreurs (problème cité dans le cas de Mark ndlr) pourrait créer des dommages matériels dus à des déversements d’encre ou des problèmes de sécurité liés à un excès d’encre en contact avec un composant électrique.”
Selon Fight to Repair, ce sont les modèles L310, L360 et L365 qui seraient concernés, d’autres modèles et marques pourraient néanmoins avoir recours au même stratagème. Epson n’a pas répondu aux sollicitations de Fight to Repair.
Une pratique illégale ?
Dans les faits, Epson veut protéger ses utilisateurs et leurs appareils en appliquant le principe de précaution. C’est du moins l’argument avancé par l’entreprise. Pour autant, est-ce vraiment bien légal ? Fight to Repair s’est adressé Aaron Perzanowski, professeur de droit et auteur Right to Repair. “Pour autant que je sache, cette pratique n’est pas divulguée clairement avant l’achat de ces imprimantes. Même s’il y a une mention enfouie dans une licence ou un site web, une bombe à retardement logicielle comme celle-ci va à l’encontre des attentes raisonnables des consommateurs.”
Une pratique à contre-courant
L’obsolescence programmée a été mise en lumière, il y a bien longtemps. Cette pratique a des conséquences environnementales désastreuses. La surconsommation entraîne la production de 20 à 50 millions de tonnes de déchets électroniques et électroménagers chaque année dans le monde. On estime que 16 à 20 kg de déchets du genre sont jetés par personne et par an. Ce type de pratique pèse donc lourd sur la facture.
D’ailleurs, l’obsolescence programmée n’a pas de conséquences que sur notre production de déchets, elle entraîne aussi une augmentation de la production et l’épuisement des ressources, la destruction des terres et de la végétation. En France, selon l’article 99 de la loi 2015-992, l’obsolescence programmée désigne “l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement.”
Elle est punie de deux ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende, le montant de l’amende pouvait être porté à 5 % du chiffre d’affaires moyen annuel. Rappelons aussi qu’en 2020, le gouvernement a mis en place dans le cadre de la loi antigaspillage la note obligatoire de réparabilité d’un produit. Elle permet de savoir d’un coup d’œil si le produit que vous convoitez a une durée de vie longue et si sa réparation est couteuse ou non.
